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Le blog de la prospective
Cet article traite de l'existence du phénomène de cycle dans l'Entreprise et de l'importance de savoir conduire celle-ci au travers du cycle. © 2009
DE LA PERSISTANCE DES CYCLES DANS L’ENTREPRISE
Quand dans la première moitié du 20 ème siècle, des économistes réputés comme Kondratieff en URSS et Fourastié en France gouvernaient à la théorie des administrations du plan, personne dans les entreprises et dans les écoles ou les universités ne contestait le bien-fondé de la notion de cycles dans l'Economie. Ceux qui étaient aux manettes dans les entreprises avaient un oeil fixé en permanence sur le prochain déclin de leur activité. La dite société de consommation a jeté tout ceci aux orties. A l'exception cependant de l'obsolescence des produits, car comme chacun le sait : tout produit nait, se développe, vit son apogée et décline avant de disparaître; cette obsolescence étant toujours vraie quelle que soit la filière de produit. Cet abandon d'un principe millénaire vient de ce que la frénésie de consommation due à l'enrichissement des peuples a très souvent remplacé l'Entreprise par le Produit : c'est celui-ci qui dicte l'Economie et l'Entreprise le subit.
Or la concurrence exacerbée dans toutes les filières de produits de consommation au niveau mondial fait renaître chez certains décideurs un attrait pour l'ancien mode de gouvernance tryptique : conduite à court terme (le chiffre d'affaires) plus conduite à moyen terme (la conquête) plus conduite à long terme (la stratégie d'avance). On constate étonnamment que ce sont majoritairement les dirigeants quadras, plutôt piqués au consumérisme, qui s'intéressent au bon vieux volant à trois branches. Peut-être parce qu'ils ont vu leurs aînés soixantehuitards jeter leurs fondamentaux aux ordures et " planter "certaines de leurs activités à cause d'un défaut de conduite. Ces nouveaux dirigeants ont découvert les Kondratieff, Fourastié et consorts et constaté que malgré le boom mondialiste, le bon vieux cycle était encore valable et que le dit volant pouvait les aider à mieux conduire.
Mais au fait comment a-t'on pu abandonner quelque chose qui marchait ?
Il n'y a pas encore si longtemps le tableau de bord d'une entreprise reposait sur les trois piliers précédemment énoncés : court terme, moyen terme, long terme. Les parties structurantes de l'Entreprise - recherche, production, marketing, commerce, finance, RH, SAV, logistique - devaient prendre en compte ces trois piliers. Le chef d'entreprise, qui était la plupart du temps soit un stratège soit un " Géotrouvetout " disposant tout de même d'un stratège, savait manipuler ces éléments et conduire ainsi avec beaucoup de raison au travers du cycle - expansion, apogée, déclin - propre à son entreprise. Pour conduire, il utilisait un tableau de bord, fait sur mesure pour lui, qui était la synthèse due à la superposition des graphes d'obsolescence des dites parties structurantes. C'est-à-dire que chacune de celles-ci était dotée de sa propre courbe de vie et le rapport de toutes les courbes de vie entre elles constituait la courbe de vie générale de l'Entreprise. N'oublions pas non plus que la raison d'être de celle-ci n'était pas le profit immédiat mais la pérennité et le développement de l'activité. Avec le progrès (formule alambiquée), le long terme a disparu en premier du fait de son " hypothètique faisabilité face à la compétition mondiale ". Comprenez : c'est le raccourcissement de la journée de travail qui est en cause (sourire est autorisé). Dans un deuxième temps, le moyen terme s'est plus ou moins envolé en raison de son " caractère aléatoire ". Cette fois " la faute incombe à l'informatique qui n'a pas su l'envisager ". La faute oubliant de dire que derrière l'écran se trouve un individu (sourire encore est autorisé). Disons le simplement : 90% des chefs d'entreprise naviguent à vue parce que c'est moins contraignant et que leur statut de Directeur Général - et non de propriétaire - les fait naturellement quitter leur fonction en cours de cycle.
Nous les observateurs - et acteurs également pour certains d'entre nous - nous en voulons particulièrement aux puits de science de la formation qui ont choisi au fil du temps d'abreuver (donc par la quantité) plutôt que de démontrer par l'exemple (donc par la qualité). Enfin nous adressons un message à mesdames et messieurs les chercheurs dans les produits de niche, trouvez-nous une conduite informatique accompagnée adaptée au bon vieux volant. Vous rendrez service à de nombreuses populations de salariés qui n'auront pas ainsi à essuyer le naufrage de leur entreprise.