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Le blog de la prospective

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LA FILIERE DE L’EDITION FRANCAISE PERD PIED DANS LA MARE NUMERIQUE


  Il est un secteur d’activité, une filière, qui fait beaucoup parler de lui actuellement. Un secteur qui, comme le chemin de fer ou l’informatique en leur temps, est en train de changer de profil du fait du progrès technique. L’édition est ainsi à la croisée des chemins entre savoir-faire millénaire et opportunité technologique.


Il n’y a pas un Français, ces derniers temps, à ne pas s’attrister des difficultés ou de la disparition d’un libraire chez qui il a à maintes reprises traîné ses guêtres et respiré l’odeur du beau livre. Un libraire qui est victime de l’ebook ce mot anglais qui signifie livre numérique. Un ouvrage sans papier, sans âme parce que sans vie, mais qui contient la même marchandise que le livre fait de papier, à savoir un texte et/ou des illustrations ou photos. Un libraire qui est également victime d’un changement fondamental de comportement du consommateur de culture : l’achat à domicile. Ainsi la lucarne internet prend la place de la boutique aux mille odeurs. Ces deux transformations technologiques ont raison peu à peu mais inexorablement de toute une filière économique : l’édition.


Dans notre pays au passé si mouvementé, si culturé - comme dirait Coluche - ces deux transmutations sont vécues douloureusement. Imaginez que l’édition vit encore pour grand part au siècle dernier voire plus loin encore. De nombreux éditeurs appartiennent toujours à des familles de renom et continuent à se battre entre eux comme autrefois, sans s’apercevoir que le duel à 50 pas n’a plus court. Que néni le numérique, que néni internet, vive la culture la vraie ! Tous les observateurs français et non français majoritairement sont étonnés de constater cet esprit réfractaire chez des entrepreneurs qui ont marqué l’histoire de notre pays. Pendant ce temps les concurrents étrangers ont pris la révolution en marche et en profitent trop heureux de tailler des croupières à « ces vaniteux Français ».


Pour comprendre le désastre qui est en cours il faut comprendre le fonctionnement financier de l’édition. Pour faire simple, quand il s’agit du livre, l’auteur reçoit 10% du prix public de celui-ci, l’éditeur 30%, le diffuseur - l’intermédiaire entre l’éditeur et le revendeur - 10%, le distributeur - le logisticien qui livre au revendeur - 15%, le revendeur 35%. Alors que le prix du livre est dit unique, c’est-à-dire ne pouvant faire l’objet de tarifs différents suivant les revendeurs, il a considérablement gonflé en l’espace de 10 ans. Le prix est d’ailleurs le frein essentiel à sa consommation. Pour en revenir au fonctionnement on s’aperçoit que 4 métiers principaux participent à la vie du livre avant son achat par le futur lecteur. Un système ancien qui est parfois temporisé parmi les acteurs par la fusion de 2 métiers sur 4.

Quand arrive le livre numérique, qui exige logiquement un prix public fortement minoré par rapport au papier, l’équilibre entre les 4 métiers ne tient plus. Du coup ceux-ci s’entrechoquent pour cumuler les bénéfices amoindris. Le livre numérique n’a donc pas le même modèle économique que le livre papier.


Dans l’édition de presse le phénomène est à peu près identique. A ceci près - et c’est déterminant - que les sociétés d’édition sont aux mains de groupes internationaux dont la presse est une des activités. Une activité certes économiquement peu rentable mais au combien importante pour la notoriété donc le développement des autres activités des dits groupes. Ici aussi le public consommateur se convertit peu à peu au numérique, par confort - tout à domicile et sans volume physique de papier - et par souci financier - le numérique est moins cher - . Quand aux publics gros consommateurs d’informations comme les étudiants, les chercheurs, les analystes, les universitaires, ils ont déjà muté vers le tout numérique.


Il est étonnant de constater que cette situation de mutation inexorable du papier vers le numérique n’a pas été prise en considération dès son avènement par les principaux métiers de l’édition française. Notre pays traîne ses carcans et avec eux l’ébranlement de toute une filière en amont et en aval - imprimeurs, cartonniers, logisticiens,... - . Inévitablement de nombreuses entreprises vont disparaître ou être mises à mal dans les 3 prochaines années. Une fois encore de l’argent public va être englouti pour aider une filière qui n’a pas su ou n’a pas voulu faire sa révolution.

Cet article traite de la situation difficile de la filière édition en France.  © 2012

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