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Le blog de la prospective
La publication des deux articles sur la gouvernance de demain a suscité de nombreux commentaires. Face aux interrogations notamment exprimées, l'Auteur propose une troisième partie consacrée aux capacités exigées du dirigeant de demain. © 2009
QUELLE GOUVERNANCE DEMAIN DANS L’ENTREPRISE ? (3° PARTIE)
L'Entreprise d'aujourd'hui a souvent mal de son dirigeant. Encore plus qu'avant, celui-ci doit avoir des qualités spécifiques, qu'il peut posséder naturellement, mais qu'il doit de toutes façons acquérir. Ceci peut paraître paradoxal alors que les entreprises sont pour la plupart structurées et hiérarchisées, et donc à priori favorables à une direction générale éloignée "de la base". La Société de demain exige de nouvelles capacités pour que l'Entreprise se développe.
Nous avons vu précédemment l'importance pour l'Entreprise du changement de génération de son dirigeant. La culture de celui-ci, ses références, son dessein s'opposent dans les générations qui se croisent actuellement. Pendant ce temps notre Société traverse une période difficile de son histoire avec la montée en puissance d'une génération de salariés pour laquelle la valeur travail n'existe pas et pour laquelle l'Entreprise est l'éxutoire des problèmes familiaux et sociétaux. Conséquence bien sûr de l'héritage d'une génération génitrice qui a tâté du 68. Et la crise financière déclenchée en 2008 vient ajouter une contrainte exogène à cette période d'incertitude dans l'Entreprise. D'autant que la dite crise n'a commencé à sévir dans l'Economie française qu'en milieu d'année 2009, ce qui siginifie qu'elle perdura au moins jusqu'à l'automne 2010. Alors plutôt que de faire le dos rond et d'attendre que ces trois handicaps ne soient disparus, passons en revue les capacités exigées d'un dirigeant pour qu'il maintienne l'Entreprise en état de progression et essayons de les lui faire connaître.
Tout d'abord le dirigeant aura une capacité RH ou alors il devra céder sa place. Dans notre Société globalement habituée à la hiérarchie professionnelle, les barrières sont ébranlées par cette génération de salariés trentenaires qui n'en veulent pas. Ceux-ci veulent pouvoir "parler au patron" directement et sans intermédiaire. Il va sans dire qu'un chef d'entreprise isolé dans son bunker n'a aucune chance de survie. Il va sans dire aussi que tout le staff RH d'une entreprise doit revoir sa façon de faire pour laisser un fil blanc entre le salarié et le boss. La capacité RH du dirigeant c'est aussi considérer son personnel : le féliciter, l'admonester, le récompenser quand il le mérite. Un vrai rôle de manager tout simplement comme avant quand l'Entreprise était moins structurée. Et s'il n'y arrive pas, le dirigeant pourra toujours s'octroyer les services d'un secrétaire général, qui est une fonction d'avenir, mais ne pourra se passer de contacts directs. La capacité RH c'est encore associer le personnel à la vie économique de l'Entreprise. Le salarié veut savoir de la bouche du patron, pas de celle du délégué syndical qui ne fait que partie du décor, où on en est, où on va et pourquoi. C'est un point difficile pour les dirigeants quadras qui maîtrisent mal la communication interne. La capacité RH c'est enfin travailler en équipe avec ses cadres de premier rang. Le salarié ne veut plus d'un PDG, vieille notion française très péjorative, il veut un Président de Directoire - si l'entreprise est une SA - ou un Directeur Général. Le salarié n'accepte plus que son patron agisse pour le compte de... A lui d'en faire son affaire.
En second lieu le dirigeant va devoir montrer ses compétences. Les salariés l'attendent sur ce sujet à tous les niveaux. La nouvelle génération de dirigeants quadras, très mono-compétence surtout financière, a du souci à se faire. Elle va devoir apprendre : par ici un process industriel, par là une stratégie marketing, ou encore une politique commerciale. Le nouveau dirigeant idéal est multi-compétences et il le montre. Le déclic viendra quand il aura compris que le demi point de marge supplémentaire ne vient pas du financier. Le salarié doit voir son patron à l'oeuvre pour avoir confiance en lui. Il souhaite également que son patron soit capable de décider. La prise de décision est devenue une denrée rare chez les dirigeants. C'est peut-être l'exemple de l'Homme politique qui a déteint.
En troisième lieu le dirigeant doit posséder une vision d'avance. Cette capacité n'existe quasiment plus. Le mode de conduite de l'Entreprise étant trop axé sur le court terme. Aujourd'hui la vision d'avance c'est avant tout la capacité d'innovation dans le produit et le process. C'est aussi la relation avec la concurrence, la relation avec les banques et la relation avec les clients.
Ces trois capacités sont majeures pour réussir le métier de dirigeant de l'Entreprise de demain. Les analystes vous diront que c'est un retour en arrière. Et alors !