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Le blog de la prospective

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Cet article traite de la nouvelle gouvernance des  entreprises dont la première partie, présentée dans l'Article 6, a suscité une pluie de commentaires.

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QUELLE GOUVERNANCE DEMAIN DANS L’ENTREPRISE ? (2° PARTIE)


Pour parler de la nouvelle gouvernance des entreprises nous nous sommes arrêtés tout d'abord sur le profil de la génération qui quitte le pouvoir : la génération dite 68. Puis nous avons rendu visite à leurs successeurs, ces quadras formatés dans les écoles. Nous avons enfin mentionné la crise qui est venue frapper les mouvements de dirigeants.


La crise a en effet provoqué un ralentissement dans la  vague de changements à la tête des entreprises depuis novembre 2008. Ceci est en partie dû au fait que dans les conflits médiatisés les dirigeants des entreprises concernées étaient pour la plupart de la génération quadra. Celle-ci n'aurait donc pas été initiée à la crise dans son cursus de formation : c'est un comble pour des dirigeants à prédominance culturelle financière. Les dirigeants de la  génération 68, qui ont eux un pédigree d'ingénieur ou de commercial, ont globalement mieux su naviguer dans les soubresauts économiques des 12 derniers mois. Ils ont également mieux gérer l'humain pendant cette période. On constate en outre que les grandes entreprises dirigées par un directoire, qui en représente logiquement tous les aspects structurants, ont mieux "surfé" que les entreprises gouvernées par un "big boss".  Le modèle français du Conseil d'Administration, tant décrié, vient peut-être de laisser son dernier souffle dans la crise planétaire. Et puisqu'on en est aux constats, on n'oubliera pas de rappeler que le grand public - dénomination caractérisant le peuple dans notre monde de consommation - a eu et a toujours la confirmation, pendant la crise, du peu d'intérêt que portent les Fonds de Pension pour la valeur humaine. Un comble - encore un - pour des multi-nationales fondées sur des actifs provenant de placements à caractère majoritairement social.


Alors maintenant, vers quoi va t'on ? Tout d'abord mettons-nous bien en tête que rien ne sera plus comme avant l'automne 2008. Car la crise a entraîné des changements de comportements. Le salarié a accru sa défiance vis à vis de l'Entreprise et du chef d'entreprise. L'actionnaire est également devenu méfiant en découvrant qu'on lui cache beaucoup de choses. Le chef d'entreprise s'est aperçu, pour sa part, du manque d'efficacité des organisations professionnelles, censées l'aider à appréhender les problèmes de filière et à profiter de parades solidaires. Le ralentissement dans la passation de témoins à la tête des entreprises va donc continuer jusqu'à la perception d'un réel regain d'activité économique. Ce qui signifie que les dirigeants de la génération 68 vont pouvoir faire du rab. Du moins s'ils sont salariés. Car la dite crise n'empêche pas les patrons-propriétaires soixantehuitards de continuer à se délester de leur patrimoine entrepreneurial au plus offrant. Ce qui signifie également que les successeurs quadras sont "marqués à la culotte". L'errement de leurs cogénères ces derniers mois ne plaide pas en leur faveur. Quant aux jeunes patrons trentenaires, auxquels il était devenu à la mode de confier une direction de succursale - donc sans pouvoir stratégique - ils font le dos rond. Et pendant ce temps une "foultitude" de PME continue à s'adapter aux aléas et à enregistrer et honorer des commandes. Ces PME sont dirigées par des patrons multi-casquettes qui vivent leur entreprise avec leurs tripes.


Alors une nouvelle fois vers quoi va t'on ? Pour nous analystes, il est simple d'envisager ce qui va changer par la force des choses. Intégrer l'enseignement de la crise c'est en premier lieu s'intéresser au pilotage à long terme de l'Entreprise. Pour le nouveau patron quadra c'est nouveau d'associer le court terme et le long terme. Il va devoir apprendre parce qu'il ne sait pas faire. En second lieu il va falloir diversifier, histoire de ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier. Rappelons que les 15 dernières années ont vu un recentrage sur le métier principal pour "faire de l'argent" et nourrir l'actionnaire. La diversification a déjà été à l'ordre du jour dans les années 80 et début 90. Mais nombre d'entreprises ont échoué parce qu'elles ont diversifié n'importe comment sans se cantonner à des ratios identiques de gestion. En troisième lieu on va assister à un croisement de participations entre entreprises, appartenant à des filières complémentaires, dont la Banque va faire les frais. Nous sommes sur le registre : ensemble et sans les établissements financiers on est plus fort. En quatrième lieu on s'oriente vers le recours à l'innovation. Celle-ci fait la différence alors que tout est standardisé. Mais pour qu'elle soit rentable il faut produire sous contrôle grâce à une main d'oeuvre qualifiée. Ceci est la clé de relocalisations qui vont fleurir à tout va.


Alors que le monde économique célébrait l'avènement d'une nouvelle génération de dirigeants, la crise est venue bousculer les festivités. Et si la génération quinqua, perdue parait-il pour la gouvernance, devenait la solution à la bonne conduite des affaires ?

Article 07