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Le blog de la prospective
Cet article traite de la contre-vérité persistante qui consiste à faire croire que le papier tue la forêt. Comment et pourquoi ? Une contre-vérité qui pénalise de nombreuses professions et qui nécessite d'être combattue. © 2009
QUAND LE PAPIER DETRUIT LA FORET...
Que n'a t-on pas entendu ou lu à ce propos ? Le message en substance est toujours le même : arrêtons de consommer du papier pour ne pas détruire la forêt. Soyons clairs : quand une contre-vérité subsiste c'est qu'elle sert des intérêts. On y trouve pêle-mêle des intérêts politiques, industriels, sociaux catégoriels, financiers, etc... Et plus la ficelle est grosse...
Parmi les plus grandes contre-vérités, celle-ci est vraiment persistante. Interrogez le quidam dans la rue : vous trouverez une majorité écrasante de partisans à l'accusation du papier. Il faut en fait remonter à la deuxième moitié de la décade 70 pour trouver l'origine de la gageure. Quand l'idée est apparue à des observateurs de l'Etat qu'il serait peut-être temps de remplacer les sacs de sortie de caisse du commerce par des sacs en papier. Histoire de stopper la pollution engendrée par les dits sacs en plastique relâchés dans la nature. On s'aperçoit ainsi qu' on ne bouscule pas un système qui satisfait industriels et distributeurs, surtout quand ceux-ci ont des participations chez leurs fournisseurs. Ensuite on ne substitue pas une matière - le plastique - par une autre - le papier - quand celle-ci est plus onéreuse. Alors on invente en réponse une caution écologique qui conduit les industriels à convertir les sachets de sortie de caisse en sacs cabas et les distributeurs à faire payer ceux-ci par le client consommateur.
Cette guéguerre du sac de sortie de caisse a été saisie au bond par les lobbys de tous genres qui ont peu à peu conduit à la " haine du papier ". Citons trois exemples : n'écrivons plus sur du papier, choisissons l'informatique (tiens, tiens !); n'emballons plus les produits de papier, fabriquons des conditionnements en plastique plus résistant (tiens, tiens !); ne présentons plus les produits à l'unité, proposons les par lot (tiens, tiens !). Mais le "plus pire", comme disent les enfants, c'est l'hystérie du recyclage.
Pour caractériser cette hystérie, intéressons-nous à la fabrication du papier. Comprenons tout d'abord qu'il existe deux catégories de forêts : les forêts d'agrément et les forêts de culture. Toutes les forêts, des deux catégories, sont obligatoirement entretenues, sinon elles dégénèrent et meurent. Entretenir veut dire couper, élaguer, débroussailler, planter,... Concentrons-nous sur la forêt de culture là où naît le papier. Cette forêt est plantée et élevée pour produire du bois destiné à transformation. Une transformation très diversifiée dont les deux principales destinations sont le meuble et le papier. Celui-ci vient essentiellement du bois de résineux du fait de la structure de sa fibre. Le sylviculteur pique plusieurs plants dans l'espace de terrain destiné à un futur arbre. Il agit ainsi pour s'assurer de la réussite de la plantation. Ces plants vont grandir pour la plupart ou mourir pour certains si un animal ou une maladie passe par là. Au bout de quelques années ces petits arbres vont se gêner du fait de leur évidente proximité. Le sylviculteur va alors procéder à une coupe d'éclaircies, c'est-à-dire couper les jeunes arbres pour donner de l'espace à celui qu'il a choisi parmi eux pour devenir adulte. Arrivé à maturité cet arbre sera abattu pour produire un matériau. L'espace sera alors nettoyé, laissé quelque temps en jachère et à nouveau planté comme dit précédemment. C'est un processus immuable. En ce sens le sylviculteur est le véritable jardinier de la forêt. Le papier provient quasi-essentiellement des dites coupes d'éclaircies parce que celles-ci sont tendres et par conséquent dotées de fibres généreuses.
Ceci étant expliqué, revenons au recyclage. Personne ne remet en cause le principe de la réutilisation du papier, par contre peu de monde sait que le papier doit être désencré chimiquement pour être réutilisé. Les procédés de désencrage sont très polluants et ne permettent pas d'obtenir la même qualité que la fibre originelle. Si bien que certaines applications et impressions du papier ne peuvent utiliser la matière recyclée. Le consommateur ne connaît pas cette subtilité et ne retient que l'acte environnemental de recyclage. Ce qui entretient majoritairement la contre-vérité.
En conclusion rétablissons la vérité en 5 points. Premièrement seules les forêts de culture produisent du papier. Deuxièmement il est nécessaire d'opérer des coupes d'éclaircies, matière première de la pâte à papier, pour exploiter la forêt. Troisièmement on n'abat pas des arbres pour produire du papier mais des jeunes arbres qui gênent la croissance de la forêt. Quatrièmement pour recycler le papier on pollue l'atmosphère. Cinquièmement certains usages du papier nécessitent l'utilisation d'une fibre vierge donc non recyclée.